De la démocratie

Agissons maintenant

En ces temps de traditionnels mouvements sociaux, dont les revendications légitimes ont peu de chances d’aboutir, face à la morgue de nos gouvernants, voici une petite piqûre de rappel au sujet de la réponse de notre modèle démocratique confronté aux crises passées et à venir, si nous ne passons pas à l’action, certes pacifiquement, mais avec détermination :

« La raison pour laquelle la démocratie est si faible dans la manière dont elle traite des problèmes climatiques, c’est que ce n’est pas un vraie démocratie. Les sciences politiques démontrent qu’il n’y a pas de corrélation entre ce que pense la majorité des gens et ce qu’ils obtiennent, sauf quand ils ont les mêmes préférences que les 10% les plus riches de la population. Cela veut dire qu’on est gouvernés par des gens qui ne sont intéressés que par ce que veulent les corporations, les gens qui payent des impôts et qui les financent. Tant que ce sera le cas, je ne vois pas comment la question écologique va s’améliorer. L’obstacle, ce n’est pas la démocratie, c’est la ploutocratie, l’oligarchie et le capitalisme. Ce système ne marche plus, ne marche pas, et on va droit dans le mur. La vision alternative que je propose est celle d’une démocratie ouverte où le centre du pouvoir, qui est le législatif, serait accessible à tous de manière égalitaire. Je ne vois qu’une méthode qui permet de faire cela, c’est le tirage au sort. On peut être timide, ne pas être charismatique, être pauvre, être bête, mais on a quand même une chance d’être choisi. Même une personne qui n’a pas tellement de qualités peut voir ses qualités se révéler dans la confrontation avec d’autres points de vue, être éduqué aussi, car il y a un processus d’éducation quand on commence à se confronter à des points de vue, à lire des choses, et à être considéré avec respect. »

Hélène Landemore est professeur en sciences politiques à l’université de Yale, elle intervenait dans le documentaire de Cyril Dion, « Un monde nouveau » (3x 52 mn, 2022). L’exemple vient de l’Irlande avec ses parlements de circonstances sur le mariage homosexuel et le droit à l’avortement, suivis de référendums, le tout avec une grande qualité des débats, éclairés par de vrais experts indépendants, et une acceptation des citoyens bien supérieure que dans la démocratie représentative classique. Bref, les conventions citoyennes mais en beaucoup mieux qu’à la française ! On attend quoi pour s’y mettre et les imposer à la fois à ceux qui craignent de perdre le pouvoir économique, politique et à leurs médiatiques chiens de garde ?