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Journal de citoyen bordelais déconfiné

Journal de citoyen bordelais déconfiné

Chronique d'humour parfois noir sur la crise de la Covid-19 (20, 21, 22...) et pour oublier la guerre nucléaire à nos portes


Rien ne serait perdu

Publié par Fred Desk sur 15 Janvier 2021, 22:57pm

Où qu'il est, le glacier ? Mont Perdu, Pyrénées (photo Patrick Rouzet).

Où qu'il est, le glacier ? Mont Perdu, Pyrénées (photo Patrick Rouzet).

"Le pessimisme est d'humeur, l'optimisme est de volonté" (Alain le philosophe, 1868-1951). Ce week end, laissons tomber cette interminable crise sanitaire et relativisons (avant samedi à 18 heures).
Avons-nous atteint ces "points de bascule" qui vont sauver le climat ?

Par Loïc Chauveau, Sciences et Avenir, 15 janvier 2021.

Deux scientifiques anglais estiment que le développement de technologies sobres en carbone a atteint un point de non-retour si bien que la transition énergétique devrait maintenant s’accélérer, débarrassée des obstacles socio-économiques qui l’entravaient jusqu’ici.

C’est une lecture qui rend optimiste. Dans la revue scientifique Climate Policy, deux chercheurs anglais estiment qu’aujourd’hui la conversion des véhicules légers vers l’électrification et le développement des énergies renouvelables ont atteint un "point de bascule" ou "de non-retour" dans plusieurs endroits du monde, préfigurant une mutation accélérée de l’économie favorable aux objectifs climatiques. Simon Sharpe du University College de Londres et Timothy Lenton, de l’Université d’Exeter estiment que nous entrons aujourd’hui dans un cercle vertueux.

Les deux chercheurs rappellent l’effet démultiplicateur de ces "tipping points" qui hantent souvent les études des climatologues. Ceux-ci affirment de plus en plus régulièrement que par exemple la fonte de l’inlandsis du Groenland, de la banquise antarctique ou du permafrost a atteint des stades où plus aucun retour en arrière n’est possible du fait de rétroactions négatives. Ainsi, la fonte du permafrost engendre des émanations de méthane et de CO2 qui viennent renforcer l’effet de serre provoquée par les activités humaines. Ces points de bascule accélérés par un effet boule de neige existe aussi en économie qui est également un système complexe où une multitude d’éléments ont des relations de cause à effet non linéaires, une petite cause pouvant avoir de grands effets.

L'apprentissage, l'accès aux finances, l'innovation accélèrent les mutations industrielles

Au 19ème siècle en Angleterre, l’invention de la machine à vapeur est ainsi à l'origine de la création d’énormes mines de charbon amenant à la construction d’un réseau ferroviaire très développé, provoquant en cascade une propagation rapide des technologies et des richesses. "La diffusion des technologies s’accélère par elle-même et au fil du temps devient très difficile à renverser. Chaque point de bascule donnant à une nouvelle technologie un nouvel avantage - comme de nouvelles parts de marché, un accès plus facile à la finance, une plus grande acceptabilité sociale - a des chances de renforcer ces rétroactions, amplifiant encore ses effets", décrivent les chercheurs. Parmi ces accélérateurs de technologies, figurent l’appropriation par les individus grâce à leur propre apprentissage, les économies d’échelle qui font baisser les prix, et l’émergence de technologies complémentaires qui renforcent usages et besoins. Parmi ces rétroactions positives, figurent également les politiques publiques qui entérinent l’état de fait par la création de normes et de règles. C’est toute l’histoire du numérique.

Les deux auteurs font le pari que les énergies renouvelables et la mutation technologique des transports est en train d’advenir et que le tissu socio-économique devrait vivre une forte accélération de la diffusion des technologies décarbonées. Si ces chercheurs ont raison, c’est une excellente nouvelle. Après avoir procrastiné pendant trois décennies devant l’obligation de réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’humanité toute entière se retrouve devant un mur. Dans la décennie qui vient, le secteur de l’énergie doit réduire ses émissions quatre fois plus vite qu’aujourd’hui et les transports multiplier par deux la vitesse de leur mutation si l’on veut respecter l’accord de Paris de limitation de la hausse des températures mondiales à moins de deux degrés.

Les politiques publiques doivent lancer le mouvement de transition

Le véhicule électrique est-il en train d’atteindre son point de non-retour ? Sa part de marché dans le monde est actuellement inférieure à 3% et il coûte plus cher qu’un diesel ou une essence. Cependant, font remarquer les chercheurs, un grand nombre de pays ont mis en place des aides et subventions orientant les choix des consommateurs et ont posé des dates limites de vente des moteurs thermiques (au plus tard 2040), donnant un signal politique aux constructeurs. Un pays montre que l’effet boule de neige est bien au rendez-vous : la Norvège. Les incitations financières font que dans ce pays le véhicule électrique est moins cher qu’un thermique. Résultat : la moitié des voitures qui y sont vendues sont électriques. La transition pourrait se passer en trois phases : la première est de rendre le véhicule électrique compétitif avec des politiques publiques, la seconde c'est la suppression des aides du fait des réductions de coût par économie d’échelle et la troisième est celle des progrès attendus sur l’efficacité et le coût des batteries.

Le secteur de l’électricité est bien plus avancé. La part des énergies renouvelables n’est actuellement que de 7% dans le monde. Mais en 2019, les deux-tiers des capacités électriques ajoutées l’ont été dans l’éolien, le solaire et la biomasse. Cette croissance a toujours excédé les prévisions. Ainsi, le développement du solaire en 2020 a été dix fois plus élevé que ce qu’en disait les prévisions il y a quinze ans, selon les chercheurs anglais. L’établissement d’une taxe carbone constitue le signal politique, mais la baisse des coûts constatés dans le solaire et l’éolien provient bien d’un effet d’économie d’échelle (bien aidée il est vrai par les aides à fonds perdus de l’Etat chinois à son industrie du photovoltaïque), cette compétitivité gagnée sur les énergies fossiles provoquant par rétroaction positive une augmentation des investissements dans ces secteurs.

Une coopération internationale est indispensable

Ce cercle vertueux n’est cependant en cours que dans un petit nombre de pays la plupart très développés. Pour le diffuser au monde entier, il faut donc des politiques de coopération en cours de négociation au sein de la Convention des Nations Unies pour le climat ainsi que des transferts financiers vers les pays du sud. "A chaque fois qu’un pays réussit à réformer son marché pour favoriser la croissance des énergies renouvelables, il renforce les rétroactions positives pour une diffusion à un niveau global", estiment les auteurs.

Les chercheurs anglais ne sous-estiment pas les obstacles encore présents sur le chemin de la décarbonation de l’économie mondiale. Mais ils estiment que tout est en place pour une accélération forte des technologies décarbonées, pour peu que les Etats s’engagent dans une coopération renforcée. C’est tout l’enjeu de la COP26 qui aura lieu en novembre à Glasgow au Royaume-Uni. L’accord de Paris peut être un succès.

Fin de citation.

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