S4 E1
Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. Face au plébiscite d’environ six personnes suite à mon article d’hier, je joue les prolongations pour fêter l’allègement du confinement et la nouvelle attestation de déplacement entre 20h et 6h, avec son motif numéro 7 : « transits ferroviaires ou aériens ou en bus pour des déplacements de longues distances » et le retour des trains de nuit. Si je me remets sur les rails, c’est aussi à cause du chef de gare. Attention au départ !
Quand les cons voleront, il sera même chef d’escadrille. Emmanuel Macron a annoncé lundi soir un futur référendum pour « introduire les notions de biodiversité, d'environnement, de lutte contre le réchauffement climatique » dans l'article 1 de la Constitution, reprenant ainsi une des propositions de la Convention citoyenne pour le climat. « On est encore dans la manœuvre politique, c'est une mesure symbolique », a réagi ce mardi Jean-Philippe Derosier, constitutionnaliste et professeur de droit public à l'Université de Lille. « Ce que le chef de l'Etat propose d'inscrire dans la Constitution existe déjà avec la Charte de l'environnement. On y retrouve deux articles, l’un concernant le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé, et le devoir de prendre part à la protection de l’environnement. Selon une décision du Conseil Constitutionnel rendue le 10 décembre, le législateur ne peut aller contre ces deux articles et ne peut pas prendre des mesures qui ne participeraient pas à l’amélioration de l'environnement. Ce qui veut dire qu'en réalité, la protection et l'amélioration de l’environnement, la lutte contre le réchauffement climatique, figurent déjà dans la Constitution. » En résumé, tout cela ne sert à rien et va coûter un pognon de dingue.
Green washing
Comme disait mon grand-père, il faut toujours mettre une seconde couche. Voici la réaction ce mardi de Cyril Dion, cinéaste et écrivain, garant de la convention citoyenne : « Je suis content qu'il aille au bout de cet engagement, au moins sur ce point. Le fait que l'article 1 de la Constitution puisse intégrer ça cela permettra dans beaucoup de procédures judiciaires qui sont engagées de protéger beaucoup plus la nature. Ce qui est moins bien, c'est d'être revenu sur la définition du sans filtre, de ne pas avoir tenu son engagement sur un certain nombre d'autres choses. Emmanuel Macron a expliqué pendant 3h30 pourquoi il allait réduire l'ambition d'un certain nombre de propositions de la Convention citoyenne. On ne voit pas très bien comment il va parvenir à l'objectif de -55% d'émissions d'ici 2030. C'est vrai qu'il a fait plutôt plus que ses prédécesseurs, c'est bien, mais le problème c'est que comme ses prédécesseurs n'ont rien fait pendant des décennies aujourd'hui ce qu'il faudrait faire est infiniment plus important que ce qu'il prévoit. » Essaie encore, Manu.
Et jamais deux sans trois, c’est la loi des séries : le Haut Conseil pour le climat vient de publier son analyse du plan de relance post-Covid. Il ne met pas la France sur la trajectoire de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre suffisante pour atteindre la neutralité carbone en 2050. 70% des mesures du plan de relance ne vont pas dans le bon sens pour lutter contre le réchauffement climatique. « Les mesures permettant d'enclencher les transformations structurelles nécessaires pour décarboner l'économie française n'apparaissent pas clairement. » En clair, ce plan est à chier.
Enfin, donnons la parole au secrétaire national d'Europe Écologie-Les Verts, Julien Bayou : « C'est une victoire culturelle majeure pour nous, les écologistes. Depuis le temps que nous disons qu'il faut changer le système, pas le climat. Évidemment il faut changer la Constitution et placer la liberté d'entreprendre en-deçà de la protection des biens communs », réagit Juju du marigot vert. Mais il ajoute aussitôt qu'il « n'a aucune confiance » en Emmanuel Macron qui « jusqu'ici a surtout cherché à gagner du temps. Je ne sais pas si ce référendum verra le jour, j'y crois assez peu. Mais je me réjouis que les personnes qui ont porté cette idée dans le désert, qu'il faut changer le système pas le climat, trouve enfin une consécration ». Décidément, banquier et écolo sont des mots qui ne vont pas bien ensemble. Pas bien ensemble. Vivement 2022 !
Fred Desk