Chronique-billet d'humour autour de la crise de la Covid-19 (20, 21...)
17 Avril 2020
S1E32 ou - 24 !
Je suis presque un contrevenant : j’ai décidé sur un coup de tête de me risquer à traverser la route qui nous sépare de la cité voisine. Nous sommes environ à un kilomètre à vol d'oiseau de notre foyer, dans un parc ouvert aux quatre vents, où l’herbe est tellement haute que le chien y disparaît entièrement. Il exprime sa joie de vivre dans ce havre de verdure et de tranquillité en effectuant des courses hiératiques et fractionnées. Les joggeurs croisés sur le macadam ne savent pas que ce lieu est à quelques foulées. C’est un bienfait enivrant que de voir le printemps dans toute sa foisonnante et prometteuse beauté. Le calme impressionne, pourtant nous sommes à deux pas de la grande ville.
Des chaises attendent à l’ombre au pied des grands arbres. Je connaissais cet endroit, nous y venions parfois. Aujourd’hui, je le découvre en jardin d'Éden, mais deux tentes cachées aux confins du parc trahissent un quotidien moins idyllique. Irruption du principe de réalité dans la rêverie bucolique. Au loin, une voiture de la police municipale fait sa ronde, coude sur la portière, visages graves tournés vers nous. Fin de la promenade. Il faut rentrer, au terme de cette heure de liberté surveillée, à la fois toute proche et si lointaine de nos quatre murs familiers. L’orage gronde déjà derrière de gros nuages blanc et gris moutonnant vers le ciel brillant du soir. Normalement, ce serait la fin de la semaine. Cela n’a aucune espèce d’importance en ce moment précis.
Haikus
(poèmes très brefs célébrant l'évanescence des choses)
Un grand silence
Vivre dans la menace
Scruter le brouillard
Ne plus rien savoir
Subir l’inconcevable
Où sont les amis ?
Tous les enfants rient
Tomber et se relever
La pluie s’invite
Retrouver la foi
Perdre tous ses repères
Choisir d’exister
Compter les journées
Accompagner les mourants
Changer son destin
Esprit voyageur
Être curieux de l'autre
Avoir des racines
FD